Entrevue avec notre chimiste et démonstration
Lorsqu’un expert en sinistre inspecte une scène d’incendie et qu’il remarque des dépôts noirs sur une surface, il pourrait penser instinctivement qu’il s’agit de suie. Le simple frottement d’un mouchoir sur la surface en question n’a rien de scientifique; des analyses plus poussées sont nécessaires. CEP Forensique offre donc un service d’analyse et de détection de suie.
Ce service, qui vient complémenter le travail d’analyse de scène est coordonné par notre chimiste Cédric Parisien. Il a pris quelques minutes pour en discuter et pour faire une démonstration dans notre laboratoire du bureau de Laval.
- Avant d’expliquer en quoi consiste le nouveau service, comment pourrait-on définir brièvement ce qu’est de la suie?
La suie est un mélange de particules et de microparticules qui proviennent de la combustion de la matière. Visuellement, il s’agit d’un composé noir et qui s’apparente essentiellement à de la poussière.
- Lors de l’inspection d’une scène d’incendie, il serait donc possible de retrouver de la suie dans une certaine portion du bâtiment, peut-être plus affectée par l’incendie alors que d’autres dépôts d’apparence similaire, mais trouvés ailleurs dans le bâtiment, pourraient en être exempts?
C’est exact! La suie sera transportée par l’air et par la ventilation du bâtiment au moment des événements. Cela dit, on ne connaît pas les conditions de l’endroit avant les événements (le sinistre). Or, le simple fait de prendre un échantillon et de voir des particules noires n’est pas nécessairement indicateur de présence de suie ou de poussière qui était là avant l’incendie.
- Une fois les échantillons récoltés, le délai est-il rapide pour effectuer les analyses et obtenir le résultat?
Les échantillons sont prélevés sur le site, transportés rapidement au laboratoire, et l’on peut procéder immédiatement à l’analyse. Une fois l’analyse effectuée, nous rédigeons un court rapport qui nous permet de déterminer s’il y a présence ou absence de suie dans tous les échantillons qui ont été examinés.
- Si une présence de suie est détectée, faut-il absolument procéder au nettoyage rapidement? Quels sont les risques pour la santé, mais aussi pour l’environnement ou même les matériaux qui composent le bâtiment si le nettoyage n’est pas fait rapidement?
C’est en effet crucial de procéder à un nettoyage rapide à la suite d’une contamination de suie. Premièrement, il peut y avoir des composés qui sont toxiques pour l’humain à court, à moyen ou à long terme, mais également pour l’environnement. Le processus de nettoyage et de gestion des résidus de suie sera très, très important et sera habituellement coordonné avec nos experts en environnement. D’autant plus qu’il peut y avoir présence de matériaux corrosifs, c’est-à-dire qu’ils peuvent attaquer les métaux, de sorte qu’il peut y avoir une atteinte rapide aux éléments de structure d’un bâtiment.
- Ce nouveau service de CEP est offert partout au Québec et même ailleurs au Canada?
Tout à fait! Les échantillons sont prélevés sur les différents sites et peuvent être transmis à notre laboratoire. Le prélèvement peut se faire par n’importe quel expert ou ressource qualifiée de CEP.
- Finalement, les analyses que nous offrons sont surtout qualitatives et non pas quantitatives. Quelle est la différence entre les deux?
C’est bien cela. L’analyse qualitative nous permet de déterminer la présence ou l’absence de suie. Pour ce qui est d’une analyse quantitative, ce qu’on veut définir est davantage la nature ou la composition de la suie. Ce service peut être offert dans certains cas particuliers. Cependant, comme mentionné précédemment, le simple fait de déterminer la présence de suie implique qu’elle doit absolument être nettoyée. Donc, peu importe sa composition, ce que l’on veut, c’est de s’en débarrasser!
- Passons maintenant à la démonstration! Je te laisse nous expliquer brièvement.
L’appareil que nous avons ici est un microscope optique. Il nous permet d’examiner notre échantillon avec un très fort grossissement. L’échantillon en question ici est, visuellement, un dépôt noir. On voit la présence de plusieurs particules de tailles différentes. Ce qui est intéressant avec notre microscope, c’est que nous pouvons varier les conditions d’illumination. Donc, en fonction de ces conditions, certaines particules ou certaines fibres vont présenter des couleurs très différentes. C’est ce qu’on appelle l’iridescence. Cela nous permet de les discriminer et d’en faire leur identification.
Merci pour ton temps, Cédric! C’était fort instructif! Si vous avez plus de questions, n’hésitez pas à nous contacter.