Tout ce que vous devez savoir sur le bois
Par Marie Soula, Ph.D., ing. PRT
Les multiples applications du bois font de ce matériau un incontournable dans la conception de nombreux produits. Étant donné la grande variété des essences de bois, certains d’entre eux conviennent mieux que d’autres pour certains usages. Cela dit, tous les types de bois ont un ennemi commun : l’humidité. Après la lecture de cet article, vous serez encore mieux outillés pour faire flèche de tout bois dans vos dossiers de réclamation associés aux défaillances de ce matériau.
Le bois est un matériau composite naturel renouvelable, apprécié pour sa disponibilité, son faible coût et son esthétique. L’utilisation du bois dans la construction constitue aussi une stratégie pour lutter contre le réchauffement climatique puisque le bois stocke le carbone. Il est communément utilisé pour la conception d’éléments décoratifs comme les mobiliers, les couvre-planchers, les revêtements extérieurs ou encore les portes.
Le bois est un matériau qui se caractérise sur plusieurs plans. Tout d’abord au niveau de l’arbre, on distingue les feuillus et les résineux. Au sein de ces deux grandes familles, les espèces sont nombreuses et elles ont toutes des morphologies et des propriétés différentes. Par exemple, l’érable est reconnu pour sa dureté, ce qui en fait un choix idéal pour les couvre-planchers. Finalement, au sein d’un même arbre, le bois n’est pas homogène. En effet, la croissance d’un arbre s’effectue de façon saisonnière en formant des cernes. On différenciera le bois initial (croissance rapide au printemps) et le bois final (croissance lente en été). Cette importante variabilité engendrera une certaine complexité dans l’utilisation de ce matériau et, par conséquent, de l’analyse de ses défaillances le cas échéant.
Les ravages possibles de l’humidité
Le premier ennemi du bois est l’humidité. En raison de sa nature chimique et de la présence de nombreux groupes hydrophiles[1] dans sa structure, le bois aura tendance à capter de l’eau de son environnement.
Ce faisant, les chaines moléculaires se trouvant dans la paroi cellulaire vont s’espacer ce qui engendrera une déformation du bois. Ce phénomène est rencontré notamment pour les couvre-planchers. Une mauvaise acclimatation du bois avant son installation ou une humidité trop importante de l’environnement du sous-plancher peut conduire à des déformations importantes et irréversibles (photo 1).
Un contrôle inadéquat de l’humidité peut aussi engendrer la défaillance de revêtements extérieurs, tels que des lambris ou des bardeaux. Si ces produits servent à protéger les habitations contre les intempéries, ils ne sont toutefois pas imperméables. En cas d’installations non conformes, les risques d’une accumulation d’eau et d’un débalancement de l’humidité augmentent ce qui peut causer des déformations et un lessivage des extractibles du bois[2] qui se manifesteront sous la forme de taches (photo 2).
Finition et préservation
L’application de produits de finition (peinture, vernis ou teinture) sur le bois permet d’obtenir une apparence désirée, mais aussi de préserver ses propriétés. L’application de finition permet également d’empêcher la diffusion de composés du bois tels que les résines et les huiles. Un produit de finition subira une certaine dégradation au cours du temps et un entretien sera nécessaire. Toutefois certaines défaillances sont prématurées et peuvent résulter d’une problématique au niveau de l’installation, de l’entretien ou de la compatibilité des matériaux.
Plusieurs espèces comprennent des poches de résines (pour les résineux) ou des nœuds contenant des extractibles solubles (pour les feuillus) qui peuvent provoquer des taches sur les peintures et/ou dans les cas les plus sévères, son craquèlement. Le contenu des nœuds s’exsude[3] généralement lors du séchage du bois ou lors de période chaude telle que l’été. Ce type de défaillance peut ainsi révéler un problème lors du séchage ou l’absence d’un scellant adapter pour bloquer ce phénomène indésirable (photo 3).
Dans le cas de défaillance de peinture extérieure, le bois « nu » se retrouve alors exposé aux rayons UV et aux intempéries. Une dégradation du bois par les UV se traduit généralement par un blanchissement de sa surface. Le bois « nu » et humide sera plus propice à la croissance de micro-organismes comme des champignons.
Pour réparer ce type de défaillance il est tout d’abord important d’identifier et de remédier à la cause de la défaillance (installation, préparation du bois, etc.).
Ensuite, avant d’appliquer à nouveau une peinture, il faudra procéder au sablage intensif du bois pour éliminer tous les résidus de peinture et les micro-organismes. Ensuite, la couche d’apprêt, qui permet une adhésion de la peinture, et la couche de peinture peuvent être appliquées selon les instructions recommandées. Dans les cas où le matériau est dégradé/contaminé dans son épaisseur, il peut être nécessaire de le remplacer en entier.
En résumé, malgré ses nombreux avantages qui expliquent sa grande utilisation, le bois possède certaines particularités auxquelles il est important de prêter attention pour préserver son intégrité et augmenter sa durée de vie utile. Si vous avez toujours l’impression de ne pas être sorti du bois dans un dossier impliquant une défaillance de ce matériau, n’hésitez pas à faire appel à l’expertise d’un investigateur forensique.