Raccord SharkBite : mythes et réalités


Ce que vous devez savoir sur l’utilisation des raccords à insertion

Par Nicolas Geoffroy, ing., Ph.D.
Les raccords à insertion, souvent connus sous la marque de commerce SharkBite, sont très populaires à cause de leur facilité d’utilisation et versatilité. En effet, ils permettent de connecter des matériaux différents, très rapidement, et sans l’aide d’outils ou de chaleur. Ces pièces sont par contre plus chères que les autres options et sont donc généralement utilisées par des bricoleurs pour des petits travaux ou par des plombiers dans des applications spéciales (ex. : accès très limité).
Cela dit, les raccords à insertion ont aussi souvent mauvaise réputation, de nombreux plombiers les jugeant peu fiables et durables. Cet article veut donc faire la lumière sur un certain nombre de mythes.
En premier lieu, les raccords à insertions sont utilisés dans les réseaux de distribution d’eau (sous pression) et permettent généralement de raccorder des tuyaux en cuivre, PEX et CPVC et de faire des transitions entre les matériaux. Il suffit de couper le tuyau droit, de l’ébarber et de l’insérer dans le raccord jusqu’à la profondeur de conception. Le mécanisme de retenue comporte un anneau dentelé interne qui s’agrippe à la surface extérieure de la conduite assurant une connexion solide. Quant au joint torique (o-ring), il assure l’étanchéité de la connexion. Une autre particularité de ce type de raccord est qu’il peut généralement être désassemblé en appuyant sur une bague extérieure qui désengage l’anneau dentelé.
Raccord SharkBite

Quelques mythes les plus courants

Les raccords à insertion sont temporaires seulement. Faux, ce type de pièce est généralement certifié selon la norme ASSE 1061 pour une installation permanente.

Les raccords à insertion doivent être installés que dans des endroits accessibles. Faux, à moins d’indications contraires de la part du fabricant, les raccords à insertions sont certifiés pour une utilisation dans des endroits non accessibles, comme les cavités murales.

Les raccords à insertions ne résistent pas à la pression normale d’utilisation. Faux, la norme ASSE 1061 spécifie que les raccords doivent résister, au minimum, à une pression de 100 psi à 180o F. Ces valeurs dépassent la pression maximale permise par le Code national de Plomberie (80 psi) et la température typique d’un chauffe-eau (140F).  Par ailleurs, de nombreuses pièces sont certifiées pour des pressions beaucoup plus élevées (ex. : 300 à 400 psi).

Les raccords à insertions sont toujours à risque de fuite à cause de la présence du joint torique (o-ring). Faux, les joints toriques sont utilisés dans de nombreuses applications permanentes de plomberie et offrent généralement une bonne durabilité. Par exemple, les systèmes à sertissage de type ProPress utilisent toujours des joints toriques similaires.

Pour vérifier la durabilité des raccords à insertion, nous avons démonté deux pièces (bouchon et union ½ ’’) qui étaient installées depuis environ 11 ans dans une résidence de Montréal. Celles-ci étaient encore étanches et ne montraient aucun de signe externe de dégradation. Elles ont ensuite été coupées longitudinalement, pour inspecter les composants internes et particulièrement le joint torique. En effet, ce dernier étant la composante la plus faible de ce système d’assemblage puisqu’il peut se dégrader avec le temps. L’examen de celui-ci a permis d’observer qu’il n’était pas endommagé et pouvait de toute évidence être étanche pendant de nombreuses années. 

Causes courantes de défaillances

Bien que relativement fiables, CEP travaille occasionnellement sur des dossiers impliquant des raccords à insertion. Les principales causes de défaillances que nous avons constatées sont:

  • Mauvaise installation : un tuyau mal ébarbé qui endommage le joint torique lors de l’assemblage, la présence de contaminant sur le tuyau qui occasionne des fuites, une insertion insuffisante du tuyau dans les raccords;
  • Présence de gel : bien qu’assez résistants, les raccords à insertions sont souvent les pièces les plus faibles d’un réseau de plomberie. En cas de gel, ce seront donc souvent les premières à faire défaillance. La cause du sinistre est par contre le gel et non les raccords;
  • Raccords à insertion de mauvaise qualité : comme dans le cas de nombreux composants de plomberie, il est fortement recommandé d’uniquement utiliser des produits provenant de grandes marques et d’éviter les copies ou les marques maison, dont la qualité est souvent largement inférieure. Les bris causés par un défaut de fabrication proviennent généralement de la dézincification du laiton utilisé pour le corps de la pièce ou de la dégradation du mécanisme interne en plastique.
Présence de gel
Figure 1 – Présence de gel
Raccords à insertion de mauvaise qualité
Figure 2 – Raccord à insertion de mauvaise qualité
En résumé, les raccords à insertions de type Sharkbite sont généralement des produits fiables qui peuvent être utiles pour effectuer des connexions étanches à long terme. Bien que facile à installer, il reste nécessaire de respecter les instructions des fabricants pour éviter les sinistres. Finalement, il est important d’acheter des pièces de marques reconnues et certifiées pour limiter le plus possible le risque de défaillances. 
Si vous avez des questions ou des dossiers concernant les raccords à insertions, n’hésitez pas à consulter les experts en matériaux de CEP Forensique.
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