Environ 1,2 million de résidences canadiennes, pour la plupart dans des zones rurales, sont munies d’un système de chauffage au mazout. Malgré leur utilité, ces systèmes comportent divers risques. Leur bris entraîne régulièrement des pertes de produits pétroliers, parfois par centaines de litres, qui se retrouvent de facto dans l’environnement. Le mazout ainsi relâché migre alors sous les fondations, dans les puits et le réseau d’eau souterrain.
Plusieurs de ces types de bris ont été étudiés et documentés de façon exhaustive au cours des dernières décennies. À titre d’exemple, la corrosion de réservoirs à paroi simple est reconnue comme étant un mode de corrosion très insidieux ayant souvent causé de nombreux dommages, et ce avec peu ou pas d’avertissements. Toutefois, il existe une source de fuites moins connue et plus évitable, soit la corrosion de filtres installés en ligne. L’utilisation de ces filtres est très répandue et leur design a été peu changé au cours des cinquante dernières années. Malgré un accent sur l’amélioration de la conception des réservoirs eux-mêmes, les filtres représentent un risque significatif souvent ignoré des propriétaires, compagnies d’entretien, assureurs et avocats.
COMPOSANTS DU SYSTÈME À L’HUILE
Les réservoirs résidentiels de stockage de mazout typique ont une capacité variant entre 680 et 1135 litres. Ils peuvent être installés à l’intérieur comme à l’extérieur d’un bâtiment.
QUELLES SONT LES CAUSES DE DÉFAILLANCES D’UN SYSTÈME À L’HUILE ?
Les systèmes de stockage d’huile coulent pour plusieurs raisons, près de la moitié parce qu’ils sont corrodés2 . La deuxième cause de perte de mazout est liée aux problèmes au niveau des raccords mécaniques, tels des coudes ou des joints. Finalement, des pertes de mazout sont aussi répertoriées à cause de trop pleins, de vandalisme ou d’accidents mécaniques divers.
Les signes de corrosion les plus visibles et apparents sont à l’extérieur des réservoirs, des filtres et de la tuyauterie. Cependant, la corrosion bactérienne peut être initiée à l’intérieur des pièces et composantes, causant un tort considérable en peu de temps et pouvant mener à des bris rapides et plus difficilement détectables. Ce type de corrosion est plus sournois car des inspections internes sont nécessaires afin de déterminer la condition des composantes affectées. La corrosion bactérienne dépend de quelques facteurs comme la présence d’un milieu aqueux et résulte en quelque sorte de l’évolution du profil bactérien. Ces bactéries peuvent pénétrer un système par différents points d’entrée lors du raffinage de l’huile ou à cause de conditions particulières lors de l’installation. L’eau, quant à elle, peut aussi pénétrer le système de différentes façons : composition même du produit initial, (typiquement 0,02 % en volume), condensation, évents et erreurs humaines. Ce type de corrosion a été mesuré à des taux pouvant aller jusqu’à 0,7 mm/ année (0,028 po./année3 ) , ce qui est suffisant pour rapidement causer des dommages.
POURQUOI LES FILTRES À L’HUILE ÉCHOUENT-ILS ?
Les filtres à l’huile en ligne sont des composantes prescrites par la norme ACNOR B-139 (Code d’installation des appareils de combustion au mazout) ainsi que par le code d’installation ontarien de tels équipements. Typiquement, l’absence de tel filtre annulera la garantie liée aux systèmes.
Ces filtres empêchent l’eau, les sédiments ou particules ainsi que les débris de se rendre au brûleur. Ces substances stagnent dans certaines zones de la cartouche et de son baril et favorisent les conditions créant un environnement micro bactérien corrosif. Tel que mentionné précédemment, les critères de conception de ces filtres sont demeurés inchangés depuis une cinquantaine d’années. Ils sont typiquement fabriqués à partir d’acier (épaisseur de 0,5-1,5 mm) et leur cartouche de tête est réutilisable. Cependant, les modèles « spin-on » ou à changement rapide ont des cartouches et filtres jetables. Finalement, il est utile de mentionner que certains modèles ont des revêtements intérieurs visant à protéger contre la corrosion.
POURQUOI EST-CE UN ENJEU MAINTENANT ?
Contrairement aux filtres, les bris de réservoirs par corrosion bactérienne sont connus, documentés et ont fait l’état de litiges depuis un certain temps déjà. Les réservoirs qui typiquement font défaut étaient et sont toujours fabriqués à partir d’une simple paroi en acier de 2 à 2,3 mm d’épaisseur, sans aucun revêtement de protection intérieur. Le résultat est un environnement favorable à la prolifération de corrosion bactérienne.
Sachant cela, les fabricants se sont affairés à revoir la conception de ces réservoirs qui sont maintenant construits à partir de matériaux composites, équipés de doubles parois, de système de détection de fuites et d’autres technologies de mitigation. Ces nouvelles considérations de design visaient à augmenter le niveau de confiance des consommateurs, des assureurs et des autorités législatives et gouvernementales.
Conséquemment, malgré le fait que le remplacement de réservoirs classiques par de plus contemporains semble une solution, il est tout de même de mise de se poser des questions sur les autres éléments du système et sur leur vulnérabilité à la corrosion micro bactérienne.
QUE PEUT-ON FAIRE ?
Il y a cependant une bonne nouvelle en ce qui concerne la mitigation des risques de problèmes avec les filtres : l’inspection. Autant les réservoirs sont relativement difficiles à inspecter, autant il en est autrement pour les filtres, qui sont faciles d’accès et à remplacer.
La norme B-139 (Code d’installation des appareils de combustion au mazout), le code d’installation ontarien de tels équipements ainsi que les recommandations des manufacturiers prescrivent tous l’inspection annuelle des filtres. Plusieurs propriétaires mandatent des organismes spécialisés pour réaliser ce travail. Ces inspections consistent habituellement au remplacement du filtre et à une vérification de l’état de l’intérieur de la cartouche. La plupart des manufacturiers de filtres recommandent leur remplacement dès qu’ils montrent des signes d’obstruction.
Finalement, lors d’inspections de filtres, le nettoyage et l’inspection doivent être accomplis sur les surfaces intérieures afin de s’assurer de l’absence de corrosion. Si de la corrosion est décelée, il est impératif de remplacer les pièces affectées. Lorsque des inspections régulières ne sont pas effectuées, le risque de dommages est grandement augmenté, et plusieurs des parties, nommément les propriétaires ou leurs compagnies d’entretien, peuvent être tenus responsables des sinistres lorsqu’ils surviennent. Dans certaines circonstances, les manufacturiers peuvent également être tenus responsables.
Lors de ce type d’investigations, il est avisé de retenir les services d’un ingénieur forensique compétent et expérimenté en la matière afin non seulement de déterminer la cause, mais aussi d’identifier les probables parties responsables du sinistre. CEP Forensique peut aider dans de tels cas, qu’il s’agisse d’examens de sites, de revues de codes ou normes et d’analyses de bris.
Si vous avez des questions ou souhaitez en savoir plus sur ce sujet, veuillez communiquer avec notre équipe en génie des matériaux au 877 686-0240 ou info@cep-experts.ca