Comment les solutions de rechange écologiques affectent le secteur de l’assurance dans les réclamations quotidiennes
Étant omniprésents dans l’actualité, il est évident que les changements climatiques et les solutions alternatives pour limiter les émissions de gaz à effet de serre résultant des combustibles fossiles sont des sujets chauds dans tout le pays en ce moment. Et ce sont aussi des sujets que le secteur de l’assurance suit de près. Les rapports appuyant le fait que les inondations, les conditions météorologiques extrêmes et l’augmentation des feux de forêt sont le résultat des changements climatiques ont amené le secteur de l’assurance à faire face à des pertes plus importantes et plus fréquentes. Paradoxalement, et même si elles ont été mises en place avec de bonnes intentions, certaines solutions de rechange écologiques comportent des failles et engendrent déjà leurs lots de sinistres :
- Ampoules à diode électroluminescente (DEL)
Lorsqu’il s’agit d’ampoules électriques, il est normal de supposer que les ampoules conventionnelles qu’elles soient de type halogène, incandescent ou fluorescent constituent un plus grand risque d’incendie que les dispositifs à DEL. Après tout, les ampoules issues des anciennes technologies perdent plus d’énergie sous forme de chaleur et utilisent beaucoup plus de courant qu’une ampoule à DEL plus moderne. Or, il s’avère que les dispositifs à DEL peuvent également faire défaut et constituer un risque d’incendie, bien que de nature différente. En effet, les DEL sont généralement montées sur de petites cartes électroniques à l’intérieur de l’ampoule. Cette configuration fait en sorte qu’il y a une plus grande densité de composants électriques dans un volume restreint, diminuant d’autant la marge d’erreur dans le procédé de fabrication des ampoules. La densité accrue de composants augmente ainsi le risque de malfaçon dans l’assemblage et de surchauffe qui peut en résulter.
D’autres modes de défaillance peuvent être engendrés par une incompatibilité entre l’ampoule et l’équipement associé. Certaines ampoules de remplacement à DEL, utilisées par exemple pour moderniser un système d’éclairage fluorescent, pourraient ne pas être compatibles avec les anciennes générations de ballasts. Les composants électroniques dans les DEL peuvent être plus sensibles aux variations de tension ou de courant du circuit auquel ils sont connectés. Par exemple, une combinaison ampoule – ballast incompatible pourrait entraîner une défaillance de l’ampoule ou du ballast.
- Batteries rechargeables
Pour que l’énergie verte soit une solution efficace à long terme, le stockage de l’énergie est incontournable. Les énergies solaire et éolienne sont des sources intermittentes alors que la demande est continue. Face aux tendances actuelles en matière de technologie et d’innovation, le moyen le plus économique de remédier au déséquilibre entre la production et l’utilisation consiste à stocker l’énergie électrique dans des batteries. Les exemples d’application des batteries se sont multipliés au fil des dernières années. Pensons notamment aux véhicules électriques, les outils sans-fils comme les tondeuses à gazon et même les systèmes d’énergie de secours.
Pour répondre à la demande sans cesse croissante de ces produits, des batteries efficaces et puissantes sont nécessaires. À ce jour, la technologie des batteries lithium-ion (Li-ion) constitue la meilleure option retenue par les fabricants. Or, les reportages fréquents dans l’actualité concernant des incidents impliquant des batteries Li-ion leurs donnent mauvaise presse. Par exemple, des téléphones qui prennent feu, des planches à roulettes qui explosent, des incidents impliquant des cigarettes électroniques, etc. La nature volatile du lithium en tant qu’ingrédient dans ce type de batteries a rendu essentiel l’encadrement de ce secteur d’activité par des normes strictes de fabrication. Malheureusement, la pression constante pour augmenter leur puissance et leur durée, tout en les maintenant petites et légères, a forcé les fabricants de batteries à réduire de plus en plus le format des cellules de batterie dans leurs boîtiers en réduisant l’épaisseur de la pellicule isolante dans les cellules. Comme mentionné dans notre article de novembre 2018 sur les cigarettes électroniques, une série de court-circuits résultant d’une perte d’intégrité de la pellicule isolante peut engendrer d’importantes conséquences tant pour les personnes que pour les biens. Dans l’optique où la demande pour ces batteries ne semble pas s’estomper et que la pression se maintient pour produire des produits toujours plus performants, cette tendance devrait se poursuivre.
- Matériaux de construction durables et efficacité énergétique
Dans une perspective de développement durable, de nouveaux matériaux ont été développés pour être utilisés dans la construction de bâtiments. Ceux-ci comprennent les panneaux de particules orientées (OSB), qui sont généralement fabriqués à partir de résidus de bois, par opposition au contreplaqué. Les poutrelles ajourées ou comprenant une âme en OSB par opposition aux poutrelles en bois d’œuvre dimensionnel sont un autre exemple. Mais certains effets négatifs de cette transition sont apparus au fil du temps et ont été étudiés. En novembre 2012, la revue de la National Fire Protection Association (NFPA) a publié un article sur les pratiques de construction durables et les effets négatifs de ces produits sur la sécurité des gens lors d’un incendie. La vitesse à laquelle ces produits brûlent et la génération de fumée accrue créent un risque plus élevé pour les occupants lors de l’évacuation. L’article de la NFPA citait également une étude de Underwriters Laboratories (UL) selon laquelle les poutrelles avec âme en OSB cédaient après six minutes environ lorsqu’elles étaient soumises à un test de résistance au feu. Les poutrelles en bois dimensionnel soumis au même test ont résisté environ 18 minutes en moyenne. En pratique, cette différence peut se répercuter par des dommages plus sévères à la structure du bâtiment lors d’un incendie, sans compter les complications d’accès sécuritaire lors des enquêtes après sinistre. Lorsque leur membrure supérieure ou inférieure se consume, ces poutrelles ajourées ou avec âme en OSB perdent une grande partie de leur capacité portante, alors que les poutres en bois d’œuvre peuvent maintenir une bonne résistance tout en présentant des dommages par carbonisation significatifs. Des effets négatifs similaires en cas d’incendie s’appliquent à d’autres solutions de construction considérées plus écologiques que les méthodes traditionnelles. Par exemple, les stratifiés comparés au bois franc et l’utilisation de mousse en aérosol, par opposition à l’isolant en fibre de verre ont une propension à générer plus de fumée que leur équivalent traditionnel.
- Augmentation de l’infrastructure électrique
L’augmentation du nombre de panneaux solaires et de la production éolienne se traduit également par une augmentation des infrastructures électriques sur les bâtiments commerciaux et résidentiels. Les bâtiments munis de panneaux solaires auront généralement des compteurs électriques, des sectionneurs et du câblage en quantité supplémentaire. Les panneaux solaires exercent aussi une charge structurelle significative sur le bâtiment, ce qui peut augmenter le risque d’effondrement précoce en cas d’incendie ou de compliquer le travail des pompiers lorsqu’il est nécessaire de pratiquer des ouvertures dans le toit pour la ventilation.
Il est sans contredit que, malgré leurs failles, les technologies et solutions de remplacement écologiques continueront d’être mises en œuvre à grande échelle au fur et à mesure que les changements climatiques façonneront notre futur. Alors que de nouveaux produits arrivent sur le marché, il appartient aux compagnies d’assurance et à leurs consultants d’être au fait des conséquences pouvant affecter leurs réclamations et de veiller à ce que les fabricants soient tenus responsables de la qualité et de la sécurité de leurs nouveaux produits.
Si vous avez des questions ou souhaitez en savoir plus sur ce sujet, veuillez communiquer avec Éric Chainé au 877 686-0240 ou echaine@cep-experts.ca