La problématique des systèmes d’isolation des façades avec enduit acrylique


Avec une conscientisation environnementale accrue et l’entrée en vigueur des nouveaux règlements concernant l’efficacité énergétique des bâtiments, les propriétaires, gestionnaires, architectes et ingénieurs sont à la recherche de techniques innovatrices pour répondre à ces nouveaux besoins. L’augmentation de l’isolation thermique de l’enveloppe du bâtiment est un moyen efficace de répondre à certaines exigences en matière d’efficacité énergétique.

Cet ajout d’isolation peut être effectué par l’extérieur pour certains bâtiments et faire partie intégrale du revêtement extérieur. Au cours des dernières décennies, la rareté de la main-d’oeuvre de qualité pour la maçonnerie et l’augmentation des coûts des matériaux nobles ont contribué à l’élaboration des nouvelles technologies dans le domaine des revêtements extérieurs.

Au cours des années 1960, il y a eu l’introduction des systèmes d’isolation à revêtement en acrylique ou système d’isolation des façades avec enduits (SIFE) sur le marché. L’augmentation du facteur d’isolation thermique, la flexibilité des détails architecturaux (corniches, corbeaux, arches, keystone, etc.) et la variété de finis et de couleurs ont contribué à la popularité de ces systèmes depuis leur introduction.

Jusqu’au début des années 2000, le système d’isolation à revêtement en acrylique était constitué d’un isolant en polystyrène fixé directement sur la membrane pare-air et le revêtement intermédiaire du bâtiment (contreplaqué, panneaux d’aggloméré ou autres), sans espace d’air ni cavité de drainage. Ce système à barrière unique devait donc empêcher toutes infiltrations d’eau derrière le système, car celui-ci ne pouvait pas les gérer. En fait, l’eau qui pénétrait derrière le parement d’acrylique n’avait pas d’exutoire et ne pouvait se drainer ni s’assécher, contrairement aux systèmes à principe pare-pluie, tels qu’un mur de maçonnerie comportant une cavité de drainage. Dans un mur à principe pare-pluie, la cavité de drainage permet généralement à l’eau qui s’y infiltrait, par absorption des matériaux, par les fissures ou autres, de s’écouler vers l’extérieur du système et d’être ventilé (par l’intermédiaire des solins et des chantepleures).

Le rôle du parement de maçonnerie consiste donc à limiter la pénétration de l’eau de pluie sans l’empêcher complètement. Par contre, puisque l’acrylique n’absorbe pas l’eau comme la maçonnerie, il n’était pas jugé nécessaire d’avoir cette cavité. Au fil des années, de nombreux cas d’infiltration d’eau derrière le parement ont démenti cette croyance. En effet, lorsque la conception de l’enveloppe ne précise pas parfaitement les détails de construction ou, lorsque l’exécution de ces détails n’est pas impeccable, l’eau de pluie peut se diriger derrière le parement. L’eau peut également se diriger derrière le parement par des joints de scellant inadéquat au périmètre des ouvertures, à cause d’un manque d’entretien de ces joints, ou bien lorsque le parement d’acrylique se fissure pour diverses raisons au fil du temps. Puisque cette infiltration d’eau n’est généralement pas visible, il est fréquent qu’elle perdure pendant des années avant qu’il y ait des indices d’une problématique. Au moment de la découverte du problème, les revêtements intermédiaires et la structure sont généralement très dégradés.

Les photographies 1 et 2 démontrent une structure de bois dégradée due à des infiltrations d’eau occasionnées par des joints de calfeutrant déficients au périmètre des fenêtres. Les dommages à la structure, visibles sur les photographies 3 et 4, résultent d’un détail d’exécution mal réalisé à la jonction d’un toit et d’un mur. Dans les deux cas, les déficiences ont occasionné des infiltrations répétées qui se sont soldées par une dégradation avancée du substrat et de la structure, puisqu’il n’y avait pas de possibilité d’évacuer l’eau.

Selon la documentation technique des divers fabricants de systèmes d’isolation à revê­tement acrylique datant des années 2000 et avant, les panneaux d’isolant étaient fixés directement sur le substrat, tel que montré aux photographies énoncées précédemment. Toutefois, dans les plus récentes éditions, nous observons un changement notable quant à la méthode d’installation de ce système, qui comprend dorénavant un espace d’air entre le revêtement intermédiaire et l’isolant (offert par un isolant rainuré), ainsi que l’ajout d’une moulure de départ et d’un solin larmier. Cet espace d’air permet l’égouttement et l’assèchement de l’humidité qui pourrait s’accumuler dans le système.

Des exigences pour les matériaux, l’installation et la conception des systèmes SIFE, sera intégrée à l’édition du Code National du bâtiment en incorporant la norme CAN/ULC.S716

Conclusion

En conclusion, un changement notable récemment dans la méthode d’installation démontre l’ampleur de la problématique. Et bien que les dommages soient graduels, la cause et l’origine résultent souvent d’un vice de construction ou d’une conception inadéquate pour ce type de revêtement et un recours peut être possible dans plusieurs cas.

Pour en savoir davantage sur le sujet, ou pour nous envoyer une demande d’expertise, veuillez communiquer avec l’équipe de génie civil et structure au 877 686-0240 ou pfortier@cep-experts.ca

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